Pourquoi la douleur peut persister sans lésion ?
Ce que nous apprennent les neurosciences sur le rôle du cerveau dans la persistance de la douleur
Une douleur bien réelle… mais sans cause visible ?
Cette situation vous est peut-être familière : des douleurs chroniques, parfois très invalidantes,
mais aucun dommage détecté par les examens - IRM, radios, prises de sang… tout est “normal”, et pourtant, vous avez mal.
Le cerveau : centre de traitement, pas simple récepteur
Contrairement à une idée répandue, la douleur ne vient pas directement du corps.
Elle est créée par le cerveau, à partir de multiples informations :
signaux sensoriels (nerfs, peau, muscles, organes)
expériences passées
émotions, stress, fatigue
croyances ou attentes
contexte perçu (danger ou sécurité)
Le cerveau est en perpétuelle évaluation de votre environnement puisqu’il est en charge de votre survie. Il scanne ce qui se passe autour de vous et recoupe ces informations avec ce qui est en mémoire pour répondre à ces questions cruciales :
“Est-ce qu’il y a un danger ici ? Dois-je envoyer une alerte douloureuse ?”
Quand l’alarme continue de sonner
Parfois, cette alarme reste active même si la cause initiale a disparu. C’est ce qu’on appelle la sensibilisation centrale :
le système nerveux devient hypersensible, comme un détecteur de fumée déréglé qui sonne à chaque toast un peu trop grillé.
La douleur devient alors une mémoire protectrice, une habitude du cerveau, renforcée par le stress, la peur, l’attention constante aux symptômes.
Ce que montre la recherche scientifique
Les neurosciences ont permis de mieux comprendre ce phénomène.
On sait aujourd’hui que :
la douleur chronique peut exister en l’absence de lésion tissulaire
des zones du cerveau s’activent même sans stimulus corporel douloureux
plus on anticipe ou redoute la douleur, plus le cerveau la crée (phénomène d’expectation pain)
le système nerveux peut “apprendre” la douleur, et aussi l’oublier — grâce à la plasticité cérébrale
Une douleur apprise peut se désapprendre
Puisque le cerveau peut apprendre la douleur, il peut aussi la désapprendre.
Cela ne veut pas dire que c’est “facile” ou “rapide”.
Mais cela ouvre une voie nouvelle, fondée sur :
la compréhension des mécanismes (éducation scientifique)
la régulation du système nerveux (cohérence cardiaque, respiration, mouvement doux…)
la modification des réponses cérébrales à la douleur (exposition en sécurité, somatic tracking…)
le travail émotionnel et corporel en douceur, sans forcer
🎯 La clé : réinformer le cerveau que le corps n’est plus en danger.
Ce que cela change
Comprendre que la douleur n’est pas forcément liée à un dommage, mais à un système qui protège trop longtemps,
permet de sortir de la culpabilité, de retrouver espoir, et de reprendre un rôle actif dans la gestion de la douleur.